Madame Roland, une femme dans la Révolution française

Mourir pour ses idées politiques alors qu'on n’est pas censé en avoir (puisque on est une femme 😤 !)... C'est le triste sort réservé à madame Roland, guillotinée en 1793. Thibault Hycarius te retrace son parcours et son rôle politique durant la Révolution française.

Qui est madame Roland ?

Jeanne-Marie Philipon naît en France en 1754, dans un milieu bourgeois. Ayant accès aux livres, elle se fait sa propre éducation en découvrant les auteurs de l’Antiquité et les philosophes des Lumières, notamment Jean-Jacques Rousseau qui l’influence énormément. À 25 ans, elle épouse Jean-Marie Roland, un inspecteur du commerce et des manufactures, et s’implique personnellement dans sa carrière. Elle participe par exemple à la rédaction des travaux et des rapports de son mari. Le couple Roland partage les idées des Lumières, et l'adhésion aux idéaux de la Révolution. Pour cette raison, en 1791, Jeanne-Marie - qui se fait désormais appeler Manon Roland -, devient alors salonnière à Paris.

Evolution des salons littéraires aux salons politiques au XVIII^e siècle

Avant la Révolution, les salons étaient tenus par les aristocrates qui invitaient chez eux des artistes célèbres, de grands écrivains... Puis, cette pratique s'élargit à la bourgeoisie qui, à son tour, organise des réunions davantage axées autour de la politique avec des journalistes, des hommes de pouvoir, etc. Ainsi, dans le salon de madame Roland, on croise les députés Vergniaud, Brissot ou encore Robespierre. Pour les femmes, c’est surtout l’occasion de participer à ces débats, alors que normalement elles en sont exclues. D'ailleurs, Madame Roland ne se contente pas de discuter... Pour promouvoir l’esprit révolutionnaire, elle participe à la création de clubs politiques un peu partout en France. Manon Roland écrit également des pensées politiques et philosophiques. Des activités qu'elle mènent au nom du couple ou de son époux. Leur notoriété grandissante profite à la carrière de monsieur Roland qui devient ministre de l’Intérieur, en 1792.

Opposition des Girondins et des Montagnards pendant la Révolution

Mais si les époux Roland deviennent des figures incontournables de la Révolution, tout le monde ne les apprécie pas, même au sein des révolutionnaires. À cette période, à l’Assemblée législative, deux camps s'opposent farouchement :

• les Girondins, des modérés, qui considèrent que la Révolution a permis d'obtenir ce qu'ils voulaient.
• les Montagnards, plus radicaux, qui veulent minimiser le rôle du roi, voire le supprimer complètement !

Le couple Roland se place du côté des Girondins, à tel point que certains ont même rebaptisé ce mouvement les « Rolandins ». En 1791, à l’Assemblée, les Girondins étaient majoritaires. Mais en 1793, la tendance s'inverse. Entre temps, le roi a essayé de s’enfuir. Rattrapé à Varennes, il a été jugé puis guillotiné.

Procès de madame Roland considérée comme une opposante politique

La période est à la politique de « La Terreur ». Monsieur Roland démissionne de son poste, tandis que madame Roland est la cible de nombreuses attaques : on lui reproche de tirer, en coulisses, les ficelles de la vie politique. Le 2 juin 1793, 31 Girondins sont arrêtés. Monsieur Roland s’échappe tandis que madame Roland, qui refuse de prendre la fuite, est faite prisonnière. Elle est accusée d’avoir encouragé une conspiration contre la République. Son procès a lieu le 8 novembre 1793 au terme duquel elle est condamnée à mort, et exécutée le soir-même.
Un journal révolutionnaire écrit à son sujet :  « La femme Roland, bel esprit à grands projets, [...] reine d’un moment, [...] fut un monstre sous tous rapports. Le désir d’être savante la conduisit à l’oubli des vertus de son sexe (traduction : elle a oublié qu’elle était une femme !), et cet oubli toujours dangereux, finit par la faire périr. »

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