L’impuissance de l’ONU face aux crises mondiales

Conflit au Proche-Orient, en Ukraine, lutte contre le changement climatique... Face aux guerres et aux crises qui perturbent le monde, on s’interroge sur le pouvoir réel de l'ONU. Est-elle impuissante ? Géopoliticus t'aide à décrypter les limites de l'action des Nations unies 👇.

Rôle et missions de l’ONU

L'Organisation des Nations unies a été créée en 1945, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Elle se compose aujourd'hui de 193 États membres.  La charte de l'ONU définit trois missions principales :

• Maintenir la paix et la sécurité internationale
• Développer des relations amicales entre les nations
• Soutenir la coopération internationale

Si les Nations unies ont du mal à s’imposer sur ces sujets, c’est d’abord à cause de leur organisation.

Une organisation interne qui empêche l'ONU d'agir ?

Six organes composent l’ONU.

1. Au sommet, le Conseil de sécurité a le pouvoir exécutif : c’est lui qui doit faire appliquer les règles de l’ONU.
   Parmi ses 15 membres, dix sont non-permanents et élus pour 2 ans. Les cinq autres membres (États-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni) sont permanents et disposent d’un droit de veto qui peut bloquer n’importe quelle résolution.
   ► Exemples :
   En septembre 2022, les Occidentaux tentent de faire passer un texte condamnant l’annexion d’une partie de l’Ukraine par la Russie. → Moscou met son veto.
   En avril 2024, plusieurs pays dont la Russie proposent que la Palestine soit reconnue comme nouvel État membre de l’ONU. → Washington met son veto pour préserver l'allié israélien des États-Unis.
   💡 Conséquences du droit de veto : sur tous les dossiers les plus sensibles, ces grandes puissances se neutralisent mutuellement, empêchant l’organisation de prendre des décisions importantes.
2. L’Assemblée générale, organe plus démocratique qui réunit l’ensemble des 193 nations membres, ne dispose que d’un pouvoir consultatif. Si chacun peut s’en saisir, les délibérations ne sont que de simples recommandations.
3. Le Secrétariat général
4. La Cour internationale de justice
5. Le Conseil de tutelle
6. Le Conseil économique et social

Casques bleus et actions limitées de l'ONU sur le terrain

Sur le terrain, le Conseil de sécurité peut décider de déployer des opérations de maintien de la paix en envoyant des casques bleus (plus de 90 000 militaires issus de plus de 120 pays membres), des soldats aux services de l’ONU.

► Exemples :

• Dans la région du Cachemire depuis 1949, mission de surveillance du cessez-le-feu dans le conflit entre l'Inde et le Pakistan.
• Au Kosovo depuis 1999, mission pour instaurer un environnement sûr d'après-guerre.
• En Haïti depuis 2004, mission de maintien de la paix.
• Dans le Darfour entre 2007 et 2020, mission de protection des civils.

💡 Mais les règles imposées aux casques bleus les empêchent souvent d’intervenir : ils sont régulièrement obligés de rester immobiles, alors que des massacres sont en cours. Pire, la faiblesse de leur formation et de leur encadrement fait qu’ils sont régulièrement accusés d’un manque de rigueur, d’abuser des populations ou de disséminer des maladies, comme cela a été le cas en Haïti en 2010, où les casques bleus ont importé une épidémie de choléra alors qu’ils devaient protéger la population contre les bandes armées.

Inutilité de l'ONU ?

Face à ce constat, peut-on pour autant conclure que l’ONU ne sert à rien ? Les Nations unies restent à ce jour la seule instance au monde à réunir régulièrement l’ensemble des États pour tâcher d’entretenir, entre eux, un minimum de dialogue. Pour reprendre les mots du suédois Dag Hammarskjöld, second secrétaire général de l’ONU (1953-1961) :

« L’organisation des Nations unies n’a pas été créée pour nous emmener au paradis, mais pour nous sauver de l’enfer. »

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