Louis-Napoléon Bonaparte, de président de la République à empereur des Français (1851-1852)

Louis-Napoléon Bonaparte, élu premier président de la République française en 1848, est devenu l’empereur Napoléon III en 1852. Deux régimes politiques mais un seul homme ! Thibault Hycarius t'explique le contexte et les coulisses cet étonnant épisode de l'histoire du XIX^e siècle 👇 !

II^e République : conservatisme et recul des libertés

Le 20 décembre 1848, Louis-Napoléon Bonaparte est élu président de la Deuxième République française, au suffrage universel masculin, avec 74% des voix. Une élection étonnante de la part de citoyens qui ont successivement déclenché trois révolutions : en  1789, en 1830, puis en 1848. D'autant que Louis-Napoléon n’a jamais caché sa volonté de restaurer l’Empire fondé par son oncle, Napoléon I^er.

Ce résultat de scrutin montre, qu’après les idéaux socialistes des premiers mois de la République, l’heure est plutôt à l’ordre et au conservatisme. Une tendance déjà affichée quelques mois plus tôt, en avril 1848, lors des premières élections législatives, avec une majorité à l'Assemblée nationale composée de républicains modérés et de monarchistes.

Un an plus tard, en mai 1849, de nouvelles élections législatives confirment le maintien de ce régime conservateur. Les décisions politiques prises s'inscrivent dans cette logique : 

• une loi renforce l’influence de l’Église catholique dans l’enseignement ;
• le droit de réunion est à nouveau contrôlé ;
• la liberté de la presse est réduite ;
• le droit de vote est restreint aux hommes qui résident depuis au minimum trois ans dans la même commune. ► Conséquence : les ouvriers et les artisans qui, à l’époque, sont des populations très mobiles, se voient donc privés de suffrage. Or, ce sont eux qui soutiennent les idées républicaines et socialistes.

Oppositions entre Louis-Napoléon Bonaparte et l'Assemblée nationale

De son côté, le président Louis-Napoléon Bonaparte tire profit de ce régime républicain conservateur. Lorsqu’une décision politique est mal accueillie par la population, parce qu’elle restreint des libertés, par exemple, il n’hésite pas à plaider innocent. Il reporte la faute sur l’Assemblée, avec laquelle il est régulièrement en conflit, et conserve sa popularité intacte. Parmi les grandes divergences qui opposent Louis-Napoléon Bonaparte à l'Assemblée, la plus importante concerne le renouvellement du mandat du président de la République. Selon la Constitution, au terme des 4 ans de son mandat, il n’a pas le droit de se présenter à nouveau. Or, les Français seraient plutôt favorables à ce changement.

Le coup d'État du 2 décembre 1851 de Louis-Napoléon Bonaparte

Face au refus catégorique de l’Assemblée nationale de changer la constitution, Louis-Napoléon Bonaparte tente un coup d'État, le 2 décembre 1851.💡 Une date-clé pour lui, puisqu'il s'agit de l’anniversaire du sacre de Napoléon Ier, et de celui de la victoire à Austerlitz : deux symboles forts du premier Empire. Aidé par l’armée, la police et une partie de l’administration, Louis-Napoléon Bonaparte dissout l’Assemblée nationale.

• À Paris, les réactions populaires ne sont pas si nombreuses. Il y a quelques barricades dans les rues, quelques députés qui s’insurgent, comme Victor Hugo. Mais on constate qu'il n’y a plus grand monde qui soit vraiment attaché à la Deuxième République.
• En province, en revanche, les réactions sont nettement plus marquées. C’est l’état de siège dans un tiers du pays, et on assiste à une très violente répression.

► Face à cette situation, et pour légitimer son coup d'État, Louis-Napoléon Bonaparte décide d'organiser son premier plébiscite. Il demande aux électeurs de se prononcer sur son maintien au pouvoir et sur la rédaction d'une nouvelle constitution. Les Français répondent à 92% « oui ».

💡 Il est important de préciser que le vote a eu lieu dans un contexte d’état de siège, avec une presse sous contrôle, et la nécessité si on souhaitait voter « non » de l’écrire soi-même sur le papier. Seuls, les bulletins « oui » avaient été imprimés…

La France a répondu à l’appel loyal que je lui avais fait.
Elle a compris que je n’étais sorti de la légalité que pour rentrer dans le droit.

Louis-Napoléon Bonaparte.

De la II^e République au second Empire

Fin 1851, Louis-Napoléon Bonaparte se retrouve président de la République pour 10 ans, porteur d'un projet de nouvelle constitution où l’essentiel du pouvoir serait, cette fois, entre les mains du président et non celles de l’Assemblée nationale. Mais surtout, Louis-Napoléon Bonaparte n’a pas oublié son rêve de toujours : la restauration de l’Empire. Le  2 décembre 1852, après un nouveau plébiscite qui confirme que 97% des Français sont d’accord, Louis-Napoléon Bonaparte, premier chef d'État français élu au suffrage universel masculin, devient l’empereur Napoléon III.

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