« Autoportrait en allégorie » d’Artemisia Gentileschi

Autoportrait en allégorie est un vrai coup de poing féministe. C'est l'œuvre d'Artemisia Gentileschi. Dans Baam ! De l’art dans les épinards, tu vas tout savoir.

C'était comment d'être une femme artiste au XVII^e siècle ?

Artemisia Gentileschi a vécu en Italie, il y a plus de 400 ans, au XVII^e siècle. À cette époque, ce n’était pas facile d’être une femme artiste. Il lui était interdit d’acheter du matériel de peinture. 🎨 Elle n’avait pas le droit de voyager seule, et pas le droit d’être payée pour ses tableaux. Bref, elle n’avait pas le droit de faire grand-chose. Quand son père ou son mari lui donnaient l’autorisation de peindre, elle n’avait le droit de peindre que des natures mortes. Pas question de prendre pour modèle un homme nu, ni même une femme.

C'était qui Artemisia Gentileschi ?

Artemisia n’était pas vraiment du genre à se laisser donner des ordres. Élevée par un père artiste, elle apprend très vite à dessiner. Elle se montre vite plus douée que ses frères. Elle peint son premier tableau alors qu'elle n'est pas encore adulte. Pendant toute sa carrière, elle ne peint quasiment que des femmes. C’était compliqué de faire poser des hommes. Maline, elle va se peindre elle-même. Quand elle ne fait pas d’autoportrait, elle fait le choix de peindre des femmes héroïques, célèbres, à qui elle donne toujours le même visage : le sien. Elle incarne des femmes rebelles, et même violentes, comme Cléopâtre, la reine d’Egypte, qui a préféré mourir que de se rendre. Elle peint aussi Judith, ce personnage de la bible qui décapite un général. Elle aime bien peindre des filles qui coupent des têtes. L’un des amis les plus proches de son père était Le Caravage, super star de la peinture italienne qui avait lui aussi un faible pour les décapitations.

En quoi son autoportrait était-il différent des autres ?

Ce qu'elle peint n'est pas très joyeux, mais en termes de style, de réalisme, de lumière, Artemisia a prouvé qu’elle pouvait faire aussi bien que les hommes de son époque. De toutes ses œuvres, son Autoportrait en allégorie est celle qui lui ressemble le plus. Elle est elle-même, au naturel, en train de peindre, les cheveux en désordre, sauvage. À l’époque, c’est très choquant, on ne peint que les femmes en tenues élégantes, bien coiffées. Artemisia s’impose en femme libre, exposant son talent. Quand elle meurt, elle tombe dans l’oubli pendant des siècles. La plupart de ses tableaux sont attribués à des hommes. C’est il y a seulement 50 ans que des historiennes l’ont ressortie des oubliettes.

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