« Huis clos » de Jean-Paul Sartre

« L’enfer, c’est les autres ». Tu as peut-être déjà dit cette phrase ? Mais sais-tu d’où elle vient ? Tu fais peut-être du Sartre sans le savoir. François Busnel te dit tout dans La p'tite librairie.

C'est quoi l'enfer pour Jean-Paul Sartre ?

Cette phrase vient de la pièce de théâtre Huis clos de Jean-Paul Sartre. Dans ce drame, paru en 1943, les personnages se trouvent précisément en enfer. Mais pas l’enfer auquel tu penses. Ici, l’enfer, c’est un salon avec trois canapés. Les trois damnés qui partagent cet enfer sont voués à vivre pour l’éternité sous le regard des autres. Il y a Garcin, qui, sur Terre fut journaliste et écrivain. Puis, il y a Inès, qui n’aime pas beaucoup les hommes et ensuite Estelle, veuve mondaine. Au début, ils échangent les politesses habituelles des dîners en ville. Mais ils s’aperçoivent rapidement que pour s’accommoder de cette éternité à trois, il va falloir déposer aux pieds des autres son misérable petit tas de secrets.

Et si l'enfer c'était le regard des autres ?

Chacun avoue les raisons de sa damnation. Garcin fut un mari cruel, qui hébergea sa maîtresse sous le toit conjugal. Il a été fusillé pour désertion. Inès avait jeté son dévolu sur une jeune femme, qui pour elle a quitté son mari et il s’est jeté sous un tramway. Pendant six mois, elle a tisonné sa culpabilité jusqu’à la pousser au suicide. Estelle a épousé par cupidité un vieillard, l’a trompé. Elle a tué l’enfant de son amant qu’elle avait eu avec lui sous ses yeux. Chacun, face à ses crimes, tente d’atténuer sa culpabilité, se ment à lui-même et à ses compagnons d’éternité. Mais les autres se chargent de rappeler à chacun qu’il n’est que la somme de ses actes, et que de ses actes, il est entièrement responsable. C’est donc le regard de l’autre qui tient lieu d’infernale torture selon Jean-Paul Sartre. Et pourtant ce sont bien ces autres qui sont essentiels à la connaissance que nous avons de nous -mêmes.

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