1905 : loi de séparation des Églises et de l'État, la République devient laïque

La loi de 1905 qui sépare les Églises de l'État marque la fin d’un long conflit vieux de plus d'un siècle. Elle est aussi le fruit d’une volonté de pacification de la société française. Thibault Hycarius te retrace les faits marquants de ce combat pour la laïcité 👇.

Remise en cause de la place de l’Église dans la société

Depuis la naissance du royaume de France, l’Église et l’État ont toujours été intimement liés : le roi était considéré comme le représentant de Dieu sur Terre, il était sacré par le clergé. En échange, le roi accordait aux religieux des terres, de l’argent, du pouvoir politique. À partir du XVIII^e siècle, des penseurs des Lumières critiquent vivement ce postulat et le remettent en cause.

Tant qu’il y aura [...] des imbéciles, il y aura des religions.
La nôtre est [...] la plus ridicule, la plus absurde, et la plus sanguinaire qui ait jamais infecté le monde.

Voltaire

Puis, durant les 10 années de Révolution française, les républicains développent une véritable politique d’encadrement de la religion, avec notamment la création de communes distinctes des paroisses, d'un État-civil séparé des registres de baptêmes, d'un mariage civil et même du divorce. Il s’agit tout simplement de retirer à l’église son contrôle de la population pour le transférer à l’administration publique. L'exécution de Louis XVI, roi de droit divin, et la destruction d’objets liés à la royauté marque bien cette volonté de rupture entre le gouvernement et les religions de l’autre, surtout le catholicisme qui est perçu comme complice de la monarchie absolue. De son côté, le pape condamne fermement la politique révolutionnaire en matière de religion.

Le Concordat : une volonté de pacification entre l’État et l’Église catholique

En 1801, pour apaiser les esprits, le gouvernement français, représenté par le consul Napoléon Bonaparte, signe un traité avec le Pape : le Concordat. Il institue que :

• Le catholicisme est reconnu comme « religion majoritaire des Français ».
• L'État prend en charge les besoins matériels du clergé.

Napoléon reconnaît ainsi la religion majoritaire tout en se réconciliant avec le pape.

Vers la victoire du courant laïc et républicain, et l'adoption de la loi de 1905

En 1870, avec la chute du seconde Empire et l’établissement de la Troisième République, les positions anticléricales reprennent du poids dans le débat public. On rétablit le droit au divorce, qui avait été supprimé pendant la Restauration, les hôpitaux et les cimetières redeviennent laïcs. En 1882, Jules Ferry retire à l’Église son emprise sur l’éducation en rendant l’enseignement primaire laïc. Les années passent, et les relations entre Église et État se dégradent et de plus en plus à tel point qu’en 1904, les échanges diplomatiques entre la France et le Vatican sont carrément interrompus.
► Le 9 décembre 1905 est adoptée la loi sur la séparation des Églises et de l’État. Toujours en vigueur, ce texte fait de la France, une république laïque.

• Article 1. La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes. La possibilité de pratiquer librement sa religion est conservée. En revanche - et c'est une nouveauté ! - toutes les religions se retrouvent sur un pied d’égalité, il n’y a plus de statut particulier pour la religion majoritaire. Une bonne nouvelle pour les cultes minoritaires à l’époque, tels que le protestantisme, le judaïsme, la religion musulmane, etc.
• Article 2. La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. Conséquence directe : les revenus de l’Église se retrouvent alors en chute libre.

La fin du conflit entre Église et État ne survient qu’avec le commencement d’une véritable guerre, celle de 1914 : tous les Français, croyants ou non, se regroupent dans « l’union sacrée » afin de lutter contre les Allemands.

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